Click here to send us your inquires or call (852) 36130518
Click here to send us your inquires or call (852) 36130518
Click here to send us your inquires or call (852) 36130518
MOUVEMENT NKUL BETI
   CAMEROUN             AFRIQUE             MONDE
En fin de séjour…, Raul Mateus PAULA, L’ambassadeur de l’Union européenne, juge le Cameroun: «L'application de l'article 66 me paraît indispensable»
Source, auteur, copyright
© Rodrigue N. TONGUE et Florette MANEDONG | Le Messager
Démocratie, gouvernance, droits de l’Homme, aides au développement… : entretien à bâtons rompus avec Raul Mateus Paula.
     Date de publication: 01-10-2013   15:31:27
Adieu ? Non, au revoir !

Pas besoin de psychanalyser Raul Mateus Paula, ambassadeur Chef de Délégation de l'Union européenne au Cameroun qui reçoit l’équipe des reporters du Messager cet après midi du mardi 17 septembre dans la salle de réunion de l’immeuble siège de la chancellerie qu’il dirige sur les hauteur de Djongolo à Yaoundé pour savoir que le diplomate a le cœur serré de devoir quitter le Cameroun après quatre ans de bons et loyaux services rendus à l’institution qu’il représente dans la capitale camerounaise… y a qu’à voir son regard lorsqu’il aborde la question de son bilan, de ses chantiers, de ses projets ou même de ses réalisations au Cameroun pour se rendre à l’évidence qu’au soir du 17 octobre, lorsqu’il quittera effectivement le Cameroun, le moment sera difficile… voir indescriptible pour ce citoyen espagnol dont les compatriotes empruntent à la « saudade », concept portugais intraduisible en d’autres langue pour décrire la peine et la mélancolie qui traversent ceux qui quittent ceux qu’ils aiment.

Mais Raul Mateus Paula, a peut être une consolation. Il rejoint un poste de chef de mission dans un pays africain : le Niger. Ce pays sahélien lui rappellera, confie-t-il, le Cameroun ; du moins en sa partie septentrionale qui avec le reste du pays fait de notre pays, « l’Afrique en miniature », dit-il. Mais malgré le change que peut donné le Niger au Cameroun en terme d’attractivité , le chef de délégation de l’Union européenne à Yaoundé qui faisait déjà presque partie des meubles de la lutte contre toutes sortes d’abus, qui s’était érigé en défenseur ardent de la démocratie promet de sauter sur la moindre occasion pour repasser par le Cameroun.

Raul Mateus Paula: «L'application de l'article 66 me paraît indispensable»

Vous êtes presque arrivé au terme de votre mission au Cameroun. En avez-vous déjà dressé le bilan ?

J'ai passé des moments formidables dans ce pays qui a d'énormes potentialités. Mais, comme toute chose a une fin, je vais devoir partir. Sur le bilan, je dirais, pour faire court, que ce fut un séjour très riche et plein de défis. Peut-être que l'échange va nous permettre d'entrer dans quelques détails. Mais globalement, je suis très satisfait. Durant mes 4 années de séjour, les appuis financiers de l'Union européenne, à travers le Fonds européen de développement (Fed), ont augmenté. Ils sont estimés à près de 200 milliards de FCFA. Ces fonds sont, comme vous pouvez aisément l'imaginer, destinés à l'accompagnement du Cameroun dans ses efforts de gouvernance et de développement socio-économique.

Y a-t-il parmi les chantiers que vous avez conduits, quelques-uns inachevés qui vous semblent importants, notamment pour la personne qui est appelée à vous remplacer ?

Comme on le dit couramment, les hommes passent, mais les structures et la mémoire institutionnelle demeurent. J'ai conduit à leur terme plusieurs projets d'envergure, certains sont en cours de finalisation, d'autres sont amorcés. C'est ça le développement. C'est un processus dynamique. Pour répondre directement à votre question, je dirai que la nouvelle représentante de l’UE au Cameroun – c'est une femme - arrive à un moment privilégié. Nous sommes à la veille d’une nouvelle programmation du Fed. C'est le principal instrument de financement de nos projets et programmes de développement et nous en seront à la 11e programmation, d'où l'appellation "11eme FED". La réflexion est entamée avec le gouvernement camerounais. C’est une phase extrêmement importante et je crois que c'est l'un des plus importants dossiers que je laisse à ma remplaçante.

Et donc, c'est simplement une sorte de continuité du service…

Absolument. Le service d'une coopération riche et diversifiée qui, de mon point de vue, est sans pareille. Beaucoup de gens ne le savent pas, mais depuis 1957, l'Union européenne (UE) est premier partenaire économique et premier bailleur de fonds du Cameroun. Je suis arrivé à Yaoundé en 2009, dans un contexte marqué par le redéploiement de cette coopération. Et donc, je me considère comme un des témoins et acteurs privilégiés des grandes mutations de notre partenariat avec le Cameroun. Mon mandat avait coïncidé avec la mise en œuvre du Traité de Lisbonne qui suggère des réorientations au niveau de la politique extérieure de l'UE et, par conséquent, renforce le volet diplomatique dans le portefeuille de nos responsabilités. Celle qui me remplace devra donc poursuivre cette mission dans tous les domaines, au mieux des intérêts de l’Union européenne et du peuple camerounais.

Sur le plan économique, l'Accord de partenariat économique (APE) a fait couler beaucoup d'encre. Un accord intérimaire a été signé avec le Cameroun, en marge des négociations régionales. Il reste la ratification. Qu’est ce qui coince à votre avis ?

C'est le droit du Cameroun de prendre du temps pour ratifier un accord important comme l'APE. Je crois simplement que les autorités camerounaises, après avoir paraphé cet accord et après l'avoir signé, ont voulu se donner les moyens et du temps pour étudier tous les enjeux de la mise en application. Je ne peux pas utiliser, comme vous, le mot "coincé", parce que le ministre de l'Economie vient d'indiquer que la ratification de cet accord est imminente.

Il y a comme beaucoup de confusion autour de cette question…

Exact. Il faut dire que, lorsque je suis arrivé au Cameroun, il y avait beaucoup de confusions et une certaine méconnaissance des enjeux de cet accord qui devra désormais régir les relations commerciales entre l'UE et les pays ACP. Il m’avait alors semblé important de communiquer, de dialoguer avec la société civile et le gouvernement, afin de permettre justement une meilleure compréhension de ce sujet qui, il faut l'avouer, est très complexe. Mais je pense que ma mission a contribué à améliorer cette compréhension.
J’ai l’intime conviction que ce partenariat, contrairement à ce qui a été dit souvent de manière pas très bien argumentée, va énormément contribuer au développement du Cameroun. C'est un instrument qui me paraît essentiel pour permettre au Cameroun de structurer son économie et d'envisager, sur des bases solides, l'émergence souhaitée par le Cameroun et ses partenaires.

Reste que la ratification se fait attendre…

Le Cameroun et l’Union européenne avaient espéré d'aboutir à un accord régional. Je l'ai indiqué tout à l'heure : le gouvernement camerounais annonce la ratification pour très bientôt. Nous l'attendons dans la sérénité. J'en profite pour lever l'équivoque sur certaines confusions que la presse entretient régulièrement en parlant de signature par le Cameroun. Non, nous ne sommes plus à cette étape. La Cameroun a déjà paraphé et signé l'APE intérimaire. Il ne reste que l'étape de ratification qui est comme une sorte de "décret d'application". C'est cette ultime étape qui est attendue. Je tiens à dire qu'il s'agit d'une décision souveraine que l'Union européenne respectera.

Pourquoi a-t-on privilégié cet accord intérimaire en lieu et place d'un accord régional?

Les accords de Cotonou – qui jettent les jalons de l'APE - avaient prévu une dérogation pour permettre l’entrée des produits en provenance des pays Afrique Caraïbes et Pacifique sur le marché européen à taux zéro, au plus tard le 1er janvier 2008. Au regard de l'enlisement du processus de négociation, il y avait donc des risques sur le plan économique. L'Accord intérimaire a été signé tout simplement pour préserver les intérêts du Cameroun.

Vous savez que le Cameroun exporte vers l'Union européenne de l’aluminium, du bois, du café, du cacao, des fleurs, des fruits, des légumes, etc. Et donc si ce choix a été fait, c’est qu'il a tenu compte des intérêts nationaux. Tout le monde, y compris l'UE, a fondé beaucoup d'espoir sur un accord régional. Malheureusement, ça a trainé. Les intérêts des pays de la sous-région ne sont pas les mêmes. Il y a dans la sous-région, des pays moins avancés (Pma), qui n’ont pas un intérêt immédiat dans l'APE. Ces derniers n'ont n’ont pas une économie très diversifiée et exportent essentiellement du pétrole et des matières premières. Et il est évident que la situation d'enlisement ne pouvait perdurer éternellement.

Vous arrive-t-il de comprendre, au-delà de vos convictions personnelles, les réserves émises par ceux qui sont contre la ratification de cet accord?

Non ! Je crois que le Cameroun a déjà fait son choix. Celui de parapher, puis signer l'accord intérimaire. Je pense qu'il vaut mieux le laisser aller jusqu'au bout de sa logique. On devrait, à mon avis attendre, la ratification qui est annoncée. Ceux qui préconisent le "non" catégorique à l'APE n’argumentent pas suffisamment. Et ne mesurent pas toutes les conséquences d'une non ratification. Car, il faut le dire, l'Accord intérimaire a permis au Cameroun d'avoir accès au marché européen à taux zéro jusqu'à nos jours !

Il y a trop de passion autour de ce débat sur l'APE. D'abord, les gens semblent ne pas comprendre que tous les secteurs de l'économie du Cameroun ne seront pas libéralisés, que les industries naissantes seront protégées. Ensuite - on ne le dit pas suffisamment - le démantèlement des secteurs retenus pour être libéralisés se fera de manière progressive et graduelle, sur une période de 15 ans. Et puis, il est clair que l’Union européenne va poursuivre et même renforcer la coopération avec le Cameroun pour l’aider justement dans le cadre de toutes les réformes envisagées.

Est-ce qu'il y a des pays qui ont ratifié cet accord?

Absolument. Et, par expérience, ces pays font des progrès remarquables ! On peut citer l’Ile Maurice. Ce pays est en bonne place (la meilleure place en Afrique), au moment où nous parlons, dans le classement «Doing Buisness» de la Banque mondiale. On peut également citer Madagascar qui est pourtant un Pays moins avancé (Pma) qui a manifestement estimé que l’APE était une opportunité à saisir. Le Zimbabwe l’a également fait et, dans le Pacifique, on peut parler de la Papouasie-Nouvelle Guinée qui l’a signé et ratifié avec un succès extraordinaire sur le plan des investissements nouveaux, au point où leur gouvernement a demandé une anticipation du calendrier de démantèlement tarifaire.

Mais les pays comme le Gabon estiment que leurs marchés seront inondés par les produits européens au point de déséquilibrer la balance commerciale…

Ce sont des affirmations que certains balancent de manière péremptoire sans véritable argumentation. Et donc le dire, c’est manquer d’objectivité quelque part. Le Gabon a intérêt à adhérer à l’Accord intérimaire signé par le Cameroun. Sans quoi, il va bientôt perdre sa posture actuelle en matière d’accès privilégié nettement moins favorable que l'APE au marché européen par le système de préférence généralisée au 1er janvier 2014, échéance arrêtée du fait qu'il deviendra un pays à revenu intermédiaire supérieur. Mais je tiens à préciser que l’Union européenne continue à travailler sur le processus de négociation en vue d'un accord régional.

Vous êtes apparemment satisfait du niveau de consommation des crédits alloués au Cameroun dans le cadre du FED (Fonds européen pour le développement). Ce n’est pas le cas pour d’autres initiatives de l’aide au développement où on parle régulièrement de sous-consommation des crédits... Comment le premier bailleur de fonds du Cameroun que vous êtes apprécie ce paradoxe?

Je pense qu’il va falloir que le gouvernement et ses partenaires se penchent véritablement sur cette question. Je ne vous cache pas que l’UE a eu ce type de difficultés dans le cadre du 9eme Fed bien avant que je n’arrive. Nous avons pu régler le problème avec un travail de fond et une bonne rigueur au niveau de la programmation. A ce jour, le taux d’exécution des crédits est extrêmement positif.

En gros, et pour revenir à votre question, il me semble que les responsabilités sont partagées. Dans le cadre de la déclaration de Paris, il faut travailler à améliorer l’efficacité de l’aide au développement, avec une meilleure coordination entre les pays bénéficiaires et les partenaires.

Mais les questions de gouvernance ne sont-elles pas la base du problème ?

Oui, évidemment. La gouvernance, c’est au cœur de nos préoccupations communes. Mais il faut dire que c’est un processus, on travaille tous à ça et cela prend nécessairement du temps. C’est qu’il y a beaucoup de choses liées entre elles : le fonctionnement de la justice dans toutes ses formes, la formation des cadres, à la lutte contre la corruption, l’amélioration de l’environnement des affaires, etc. Des questions sur lesquelles nous nous investissons par ailleurs, avec beaucoup d’engagement. D’ailleurs, dans la programmation en cours du 11eme Fed, nos interventions, vont largement se concentrer sur la Gouvernance et le Développement rural.

L’actualité politique est marquée au Cameroun par l’élection attendue du 30 septembre. Et donc, il y a pas mal de questions sur la crédibilité d’Elecam qui est l’organisateur matériel de cette consultation. L’UE, à un moment donné, avait émis des réserves sur la composition des membres de cet organe. Cette opinion a-t-elle évolué ?

Disons qu’Elécam est une institution jeune qui a une mission difficile. J’ai le sentiment qu’Elecam a la volonté de s’affirmer comme institution indépendante et efficace. Cette volonté existe. Il faut simplement mieux la traduire dans les faits. Le renforcement de la démocratie est une priorité absolue pour l’UE. Plutôt que d’épiloguer sur sa crédibilité ou celle de ses membres, nous préférons agir. J’apprécie beaucoup le dialogue qui a été mis en place au lendemain de l’élection présidentielle de 2011. Elecam a reconnu, qu’il y a eu trop de dysfonctionnements, qu’il y a eu d’énormes problèmes, avec notamment un fichier électoral pas tout à fait fiable. Le dialogue institué, sous notre impulsion, est très constructif. Pour renforcer le processus démocratique au Cameroun, l’UE a mis à contribution plus d'un milliard 300 millions (1. 300 000 000) de FCFA.

Cet appui, depuis trois ans, a permis, à travers des organisations de la société civile, de travailler sur la sensibilisation pour remotiver les citoyens à participer à la vie politique, de travailler sur l’observation électorale. Tenez : pour l’élection de ce 30 septembre, les appuis multiformes de l’UE, à plusieurs ONGs dont 'Transparency International', permettent de déployer plus de 2000 observateurs sur le terrain ! Après 2011, nous pensons avoir fait naître une masse critique qui a considérablement permis d’améliorer ce processus. Des reformes importantes comme la biométrie qui a été introduite. C’est un acquis majeur. Nous voulons espérer que Elecam va capitaliser tous ces efforts pour faire des élections transparentes ce 30 septembre. Mais je pense que tout le monde (société civile, partis politiques, citoyen-électeur) a un rôle à jouer pour que la démocratie camerounaise soit renforcée et réaffirmée.

Le contentieux préélectoral a permis à la société civile de soulever la question de l’indépendance du juge électoral. Certains estiment que les magistrats de la Cour suprême, qui agissent à ce titre de manière transitoire, sont très peu outillés pour assurer l’équité dans le processus électoral. Avez-vous eu écho de ce débat ?

Oui ! J’ai suivi ce débat avec beaucoup d’intérêt. Nous avons notamment appris que des candidatures rejetées au départ, ont finalement été réhabilitées par la Cour suprême. Je n’ai donc pas à formuler de jugement de valeur à l'égard de cette institution. Par contre, ce qui intéresse l’UE, c’est le renforcement du processus démocratique, en tant que partenaire, dans le strict respect de la souveraineté du Cameroun. Il appartient aux Camerounais de renforcer le poids de leurs institutions.

Vous parliez tout à l'heure des appuis européens au processus électoral camerounais. Au moment où vous arrivez en fin mission, avez-vous évalué la portée de ces financements ?

Nous ne pouvons, à ce stade du processus, que parler de l'action des Ongs bénéficiaires de cet appui. Je dirai que les nouvelles sont assez bonnes. Les organisations que nous avons soutenues dans la mobilisation citoyenne ont donné le meilleur d'elles-mêmes dans un environnement contextuel très difficile et marqué par une sorte de désamour de la chose politique. Les Ongs qui font dans l'observation électorale sont à pied d'œuvre. Et il y aura à peu près 2000 observateurs qui vont couvrir l’ensemble des régions et des districts du Cameroun. Donc, ça va être l’observation électorale la plus consistante et la plus complète au Cameroun. On attendra les résultats et la fin du processus pour s'en faire une idée plus précise.

En dehors de ces ONGs impliquées dans la surveillance du processus électoral, on parle souvent d'autres appuis de l'UE à la société civile camerounaise…

Tout à fait. C'est une catégorie d'acteurs émergents qui a une place de choix dans les politiques de financement de l'Union européenne. C'est pourquoi, il y a dans notre système tout un programme dédié : le Programme d'appui à la société civile (PASC). Avec une enveloppe de près de 5 milliards de FCFA, le PASC se veut un outil de renforcement des capacités organisationnelles, techniques et institutionnelles des OSC camerounaises qui ont une orientation à la responsabilité sociale.

L’Union européenne au Cameroun est très active dans les questions de droits de l’Homme. Qu’est-ce qui vous fait courir ?

Nous considérons le respect des droits de l’Homme comme un processus. On ne peut pas, du jour au lendemain, atteindre la perfection dans ce sens. Il n'y a d'ailleurs aucun pays au monde qui a la prétention d'être parfait sur le sujet. Du coup, il faut faire des efforts pour aller dans le sens de l'amélioration. C'est ce que fait l'Union européenne. Une illustration: Depuis 2009, nous soutenons le secteur de la justice, avec des appuis estimés à plus de 11 milliards de FCFA.

Je suis de ceux qui pensent que l'amélioration du climat des affaires, condition sine-qua-none pour les investissements nouveaux, passe par une véritable consolidation de l'Etat de droit. Les opérateurs économiques ont besoin de sécurité juridique dans leurs transactions. Le contentieux entre administrations publiques et justiciables a besoin d'être plus efficacement traité. Les tribunaux ont besoin d'être construits et les magistrats davantage formés pour faciliter le fonctionnement d'une justice équitable et efficace. Nous sommes fiers d'avoir fait beaucoup d'effort dans ce sens. Bref, pour nous et je l'imagine pour le Cameroun aussi, le respect des droits de l’Homme est une question non négociable. C’est extrêmement important pour l’image d'un pays. On ne peut pas dire que les droits humains sont pour les européens, pour les occidentaux, etc. Ils sont universels et notre politique, ici, comme ailleurs, est de les promouvoir, à travers des soutiens multiformes.

Vous êtes satisfait de la situation au Cameroun sur cet aspect?

Il y a des progrès qui ont été faits sur certains aspects. Mais c'est un processus que le gouvernement et nous-mêmes suivons. Il y a une préoccupation sur laquelle j’ai eu l’occasion de dialoguer avec le gouvernement : la protection des défenseurs des droits de l’Homme. Je crois que c'est un sujet qui mérite d'être suivi de près par le gouvernement camerounais. Vous savez, lorsqu'un avocat des droits de l'Homme reçoit de menaces, il est fondamental d'assurer sa protection. Mais j'ai tout droit d'être optimiste et confiant à cet égard.

Dans le champ des interventions de l’Union européenne, il y a les prisons. Vous y faites quoi?

Il y a déjà l'assistance judiciaire à travers des programmes appropriés qui ont eu un impact énorme. Notre action a conduit à la libération d'environ 5 000 prisonniers au Cameroun. Vous savez, il y a pas mal de gens en prison qui n'ont pas la possibilité de bénéficier de l’assistance d’un avocat. Et ils peuvent y rester trop longtemps faute d'intervention judiciaire.

Et donc vous pensez qu'il y a pas mal de choses qui se sont améliorées avec les actions de l'UE…

Je suis, pour ainsi dire, très fier d’un certain nombre de programmes qui ont pu être initiés. Mais je sais que les besoins sont nombreux. Il faut construire plus de prisons. Il faut améliorer les conditions sociales et appliquer, d'une manière adéquate, le nouveau Code de procédure pénal. C’est extrêmement important, parce qu’il y a des délais, il y a le droit de la défense, il y a la défense des prévenus qui doit être assurée. Il faut aussi explorer les peines alternatives pour désengorger les prisons.

Avez-vous un avis sur les cas des anciens hauts dignitaires du pays qui sont en prison parce qu'épinglés par ce qu'on appelle au Cameroun "Opération Epervier" de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics?

Ecoutez ! Ca ne me paraît pas approprié de commenter tel ou tel cas. Je sais qu’il y a beaucoup de personnalités très influentes du régime qui sont en prison. Je sais qu'il y a un débat sur les enjeux de l'Opération Epervier. Mais j'estime que ces personnalités, ont droit, comme n'importe quel citoyen camerounais, à une justice équitable et juste. Il est extrêmement important que les droits de la défense soient respectés, que les délais détention soient respectés, que les personnes puissent être assistées, qu’ils aient droit au double degré de juridiction.

Mais suivant le principe du double degré de juridiction, on devrait supprimer le Tribunal criminel spécial (TCS) ou le reformer ...

J'ai suivi avec intérêt le débat sur ce sujet. Je comprends cependant que la loi sur le TCS prévoit la cassation.

Mais pas le double degré de juridiction…

Il appartient aux Camerounais de poursuivre le débat sur cette question. Mais il me semble fondamental de s'assurer que les droits de la défense soient respectés tout le long de la procédure.

L’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun est allé rendre visite à l'un de ces prisonniers illustres : Marafa Hamidou Yaya. Vous avez un avis sur la question?

Monsieur Marafa est quelqu’un que j’ai eu l’occasion de côtoyer comme ministre. C’est quelqu’un de tout à fait respectable avec qui j’ai entretenu d'excellents rapports professionnels. Il ne m'appartient pas de formuler des commentaires sur sa situation. Je sais qu'un pourvoi en cassation est en cours d'examen. Il faut peut-être attendre que ce pourvoi en cassation soit traité.

Entre vous diplomates, est ce que vous échangez sur ce type de sujet ? Est-ce que votre homologue américain vous a touché un mot sur son initiative d'aller voir cet ancien ponte du régime en prison?

On a très brièvement échangé sur le sujet. Il faut bien souligner que l'ambassadeur américain s'y est rendu avec l’autorisation du gouvernement camerounais, alors que dans certains pays, cela ne serait pas possible, ce qui me parait positif.

Tout le monde parle de la corruption comme gangrène, mais on n'a pas l'impression qu'on avance…

Je tiens à le préciser que l'UE soutient fortement la lutte contre la corruption. Je crois qu’il faut aller loin dans la prévention. Il faut par exemple adopter, promulguer et appliquer la loi sur la lutte contre la corruption qui est en préparation. Ça me paraît aussi urgent d'appliquer l’article 66 de la constitution camerounaise sur la déclaration des biens.

Est-ce qu'on peut avoir une idée de votre prochaine destination ?

Ce n’est pas un secret. Je vais poursuivre ma mission en Afrique dans un autre pays : le Niger. Sa dimension sahélienne me permettra, de temps en temps, de me souvenir du Cameroun, cette "Afrique en miniature" dont une partie du territoire est au Sahel. J'en suis très heureux.

Y-a-t-il des gens que vous continuerez d’appeler au téléphone ici ?

Certainement ! Le Cameroun c’est un pays très passionnant. J’ai eu l’occasion de le visiter du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. J’y ai rencontré des gens extraordinaires. J’espère avoir l’occasion de revenir très bientôt. D’ailleurs, je ne serais pas le seul. Je constate que certains anciens chefs de mission reviennent au Cameroun. Ça prouve bien que c’est un pays fascinant et plein de potentialités.
   Commentaires - [Total : 0]
  Pour écrire un commentaire, connectez-vous en cliquant ici
MENTIONS, COPYRIGHTS
© Rodrigue N. TONGUE et Florette MANEDONG | Le Messager
Warning. A l’attention de tous nos visiteurs internautes !
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorise que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ». Tous les éléments présentés sur notre site MNB (images, vidéos, extraits sonores, textes, photos, logos, illustrations, etc.) sont soumis de facto au droit d'auteur, même si leur accès est libre et gratuit et qu'aucune mention de copyright © ne précise qu'ils sont protégés !

Lors de vos utilisations, reproductions ou représentations d’une œuvre ou d’une partie d’œuvre publiée sur notre site, il est donc conseillé d’obtenir au préalable, le consentement de son auteur, de citer l’auteur et la source originale éventuelle de ladite œuvre. Faute par le copiste de respecter cette démarche, il s’expose seul aux lois, poursuites et condamnations en vigueur, lesquelles combattent le plagiat et la contrefaçon.
27-03-2016   21:39:27
Sortir du folklore en médiocratie
12-03-2016   09:55:22
faire la politique à Paul Biya
NOS PARTENAIRES

按揭計算機| 買樓| 上車盤| 搵樓| 屋苑| 樓盤| 地產| 租樓| 租盤| 二手樓| 新盤| 一手樓| 豪宅| 校網| 放盤| 樓價| 成交| 居屋| 貝沙灣| 美孚新邨| 嘉湖山莊| 太古城| 日出康城| 九龍站 | 沙田第一城| 西半山 樓盤| 樓市走勢| 青衣| 西貢 樓盤| 荃灣 樓盤| Grand Austin出售的樓盤

推荐一个卖雪茄的网站| 雪茄网购| 雪茄哪里买| 雪茄| 哈瓦那雪茄| 雪茄网| 雪茄专卖| 雪茄价格| 雪茄烟网购| 雪茄专卖网| 雪茄专卖店| 网上哪里可以买雪茄| 买雪茄去哪个网站| 雪茄怎么抽| 雪茄烟| 雪茄吧| 陈年雪茄| 限量版雪茄| 大卫杜夫雪茄| 保利华雪茄| 古巴雪茄品牌| 古巴雪茄价格| 古巴雪茄| 古巴雪茄多少钱一只| 古巴雪茄专卖网| 烟斗烟丝| 烟丝| 小雪茄| 金特罗雪茄| 帕特加斯d4 | 蒙特雪茄| 罗密欧朱丽叶雪茄|

噴畫| banner| banner 價錢| Backdrop| Backdrop 價錢| 易拉架| 易拉架 價錢| 橫額| 印刷| 橫額印刷| 印刷 報價| 貼紙| 貼紙印刷| 宣傳單張| 宣傳單張印刷| 展覽攤位| 書刊 印刷| Bannershop| Ebanner| Eprint| 印刷 黃店| 印刷公司| 咭片| 海報| 攤位| pvc板| 易拉架設計| 海報印刷| 展板| 禮封| 易拉架尺寸| foamboard| pvc| printer| label| print shop| poster| business card| postcard| print services| printing company| name card| hk print| hong kong printing| Leaflet| Printing|

邮件营销| Spread| Email Marketing 電郵推廣|

wms| vending machine| barcode scanner| QR code scanner| SME IT| it solution| rfid tag| rfid| rfid reader| it outsourcing| printing labels| IRLS| IT Support| system integration| software development| inventory management system| label printing| digital labelling| barcode label| Self Service Kiosk| Kiosk| Voice Picking|

Tomtop| Andoer| LEMFO| Anet A8| Xiaomi Roborock S50| Xiaomi M365 Scooter| MXQ PRO| MJX Bugs 5W| Hohem Isteady Pro| Hubsan H501s X4| Anet A6| Dobby Drone| ILIFE V7s| Creality Ender-3| Hubsan H501s| Hohem Gimbal| Trumpy Bear| Amazfit Bip| Hubsan H501s| Vernee T3 Pro| DJI Mavic Air| Anet A8 3d Printer Review| Populele| SONOFF| Homekit| JJPRO X5| LEMFO LEM7| Anet| Koogeek| Hubsan Drone| Wltoys| Feiyu| Zeblaze| Lixada|

electric bike| best electric bike| electric bikes for adults| e bike| pedal assist bike| electric bikes for sale| electric bike shop| electric tricycle| folding electric bike| mid drive electric bike| electric bike review| electric fat bike| fat tire electric bike| electric bicycle|