Interview avec Monique WISNIEWSKI, Ingénieur du Son et Présidente de l’association Highways Byways

Monique WISNIEWSKI est la présidente de l’association Highways Byways et réside en France. Elle s’occupe dans le cadre Highways Byways de la promotion du groupe Z-YANG, un groupe composée de 3 jeunes ekang, chanteurs et danseurs. Son histoire avec Z-YANG débute en 2004, date à laquelle elle se trouve Cameroun au cours d’un stage de danse africaine. Avec le dernier titre « Independancia » du groupe, elle se trouve en pleine activité pour faire la promotion de ces jeunes ekang en Europe. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec cette française qui œuvre pour donner une plateforme de promotion aux stars africaines et surtout ekang. Z-YANG (l’étincelle, la foudre) groupe camerounais composé de trois jeunes chanteurs danseurs Digy, Klapy et Rusty, trois cousins et neveux de la grande famille des Bétis, son style : le world ékan.

Date de publication : 25-06-2010  /05:22:23
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Monique bonjour, je vous remercie d’avoir accepté de répondre à nos questions. La « tribune libre d’expression » est principalement réservée aux ekang, mais vous êtes une Française. Avant qu’on entre dans la thématique, pouvons-nous avoir une idée de vous en tant que personne ? Qui êtes-vous ?

Bonjour, merci pour votre interview. Je suis ingénieur du son, sound designer et intéressée par l’art, aussi bien la musique, la peinture que je connais moins, le cinéma, etc… J’aime les voyages aussi qui permettent de rencontrer des cultures différentes.

Vous êtes Ingénieur du son, « sound designer ». Notre but est aussi de présenter les métiers intéressants au peuple ekang, alors de quoi s’agit-il dans l’ingénierie du son ? Comment peut-on se représenter ce métier ? Peut-il être attractif pour les africains ?

Le sound designer est venu du cinéma américain et qui a trouvé son poste aussi en Europe. Les nouvelles technologies (numériques) ont amené à créer des nouveaux métiers comme le sound design, en français on peut traduire par « habillage sonore ». Il ne suffit pas de mettre que le son synchrone à l’image. La bande sonore d’un film est composée de plusieurs éléments : 1. Les dialogues 2. Le bruitage : sons réalistes type présences (vêtements...), pas, manipulation / déplacement / pose d'objets (verres, chaises, etc...). On y fera de préférence tout ce qui mérite une synchro trop longue à mettre en place par le montage son (exemple des pas). Dans les longs métrages le bruitage est fait à l’image par des bruiteurs qui viennent avec leurs accessoires et sont capables de refaire des pas d’hommes ou de femmes synchrone à l’image. 3. Les ambiances (petits oiseaux, ville, voitures qui passent, etc…) 4. La musique 5. Le « sound design ». Le sound design est une notion liée à la sonorité propre d'un objet. Par exemple, décider du son produit par la fermeture d'une porte de voiture est du « sound design » à proprement parler. J'emploie le mot «décider» car il s'agit bien ici d'un choix de création au même titre que l'aspect physique de cette porte qu'un «designer» - au sens dessinateur aura produit. Le sound design apporte le sens à l’image, dans les films d’action c’est le son qui met le spectateur en haleine.

Votre aventure avec le groupe Z-YANG commence en 2004 lors d’un stage au Cameroun. Comment se passe effectivement le tout premier contact avec le groupe ? Qui fait le premier pas vers l’autre ?

Agrandir la photo en cliquant ici C’est ma curiosité qui m’a amenée à m’intéresser à ces trois chanteurs. J’ai rencontré Digy lors d’un voyage touristique, il se posait plein de questions car son groupe était en plein malheur, un des trois membres était entrain de mourir. Je l’ai écouté et conseillé, c’est tout ce que j’ai fait durant 2 ans. Mais il m’écrivait par internet souvent et me donnait des nouvelles. Rusty, un est venu remplacer Balmet et le groupe est reparti. Ils ont fait une maquette de 8 titres. C’est à ce moment que j’ai décidé de les aider.

Vous soulignez que vous êtes attirée par la création musicale africaine. Je suppose que ce n’est pas la seule raison pour votre engagement envers le groupe Z-YANG…

C’est un concours de circonstance, l’envie d’apporter une aide à des artistes africains qui n’auraient sans doute jamais pu se faire connaître dans leur pays. J’ai aimé le message de leurs chansons et j’ai senti qu’ils pouvaient avoir un potentiel.

Apres voir décidé d’aider le groupe, comment se passe par la suite le début de votre engagement ? Quelles sont les toutes premières expériences que vous avez vécues ?

Agrandir la photo en cliquant ici Tout commence réellement en mai 2008. Pour aider le Z-YANG, je décide de venir avec mon matériel de prise de son pour faire les prises de voix des 3 chanteurs Digy, Klapy et Rusty pour les 8 morceaux qui composeront leur premier album. Il me faut un lieu d’enregistrement et je trouve un « home studio » local. Quelques emplettes au marché seront nécessaires pour le rendre acoustiquement utilisable. Le travail commence et ce fut 3 semaines intenses avec musiciens et chanteurs débordants d’énergie. Car j’ai fait un peu plus que d’enregistrer les voix, je reviens avec les pistes d’un album complet, prêt à mixer. Le retour à Paris fut moins chaotique, mixage du disque par un ami qui adhère au projet. Highways Byways, l’association que j’ai crée sort la maquette du disque. 300 CD sont dupliqués d’une manière artisanale. J’arrive à Yaoundé en octobre 2008 avec les 300 disques de « Babylone ». Au Cameroun, comme partout, la promotion du disque est importante et nécessaire. Ne connaissant personne j’écoute les chanteurs : il faut prendre un attaché de presse qui s’occupera de la promotion dans les radios. Un nom d’attaché de presse est conseillé par un « ami » artiste du groupe déjà plus ancien et ayant fait ce chemin. Malheureusement il s’avère que c’était un très mauvais conseil, l’attaché de presse s’est contenté de « boire » l’argent de la promotion. Le disque est peu passé sur les ondes… L’Afrique est capable du meilleur et du pire, le meilleur était à venir : ma rencontre avec le directeur du centre culturel français de Yaoundé. Il s’intéresse au groupe et les propose pour une tournée dans les alliances franco-camerounaises. Une tournée est programmée ainsi en 2009 : Dschang, Buéa et yaoundé. Dschang fut un souvenir inoubliable pour le Z-YANG. C’était leur premier voyage à l’ouest du Cameroun, l’accueil du directeur de l’alliance fut chaleureux, le spectacle déclancha le déchaînement des spectateurs. Le groupe revient rempli plein d’espoir et de rêves. Je retourne à Yaoundé en juin 2009 pour le spectacle au CCF du 6 juin. L’accueil est plus chaleureux dans les radios, J’emploie une équipe compétente de la CRTV formation pour tourner le clip sur le titre « Wa zukoaba ei za », salsa du CD. Le clip est monté et finalisé à Paris. Le groupe Z-YANG commence à faire parler de lui et il a fait quelques autres spectacles.

Parlez-nous un peu de Digy, Klapy et Rusty en tant que personnes privées et stars musicales

Agrandir la photo en cliquant ici Digy (Dominique Ange ESSONO, premier de la photo gauche) leader du groupe. Auteur, chanteur, danseur, chorégraphe. 27 ans, célibataire, sans enfant, clair de peau sans doute dû à des origines sud américaines. C’est le sage, il ne veut pas avoir d’enfant pour le moment car ce serait une lourde charge qui l’empêcherait de suivre la voie qu’il s’est tracé, il est le fédérateur, le moteur, le responsable, le rassembleur, le chorégraphe... sans lui le groupe n’existerait mais il a besoin de Klapy et Rusty pour progreser. Klapy (Edmond Guy EYENGA DZOU, deuxième de la photo gauche) Auteur, chanteur, danseur. 25 ans 4 enfants déjà de deux femmes différentes, 8 frères et soeurs, il vit toujours dans le clan familial, Klapy, c’est un africain d’une beauté sauvage, un visage cuivré que l’on aurait envie de sculpter dans le bois, un corps d’athlète bien dessiné, il pourrait représenter l’image typique du jeune africain. Rusty (Yves José Stéphane ANGONI, troisième de la photo gauche) Auteur, chanteur, danseur, mannequin. 27 ans une petite fille depuis l’année dernière. Le seul garçon parmi 9 sœurs. Il a été recueilli dans la famille de Digy après quelques problèmes avec sa famille directe. Il y est toujours, il a des sœurs aux Etats Unis. C’est le bassa du groupe, Digy et Klapy sont ses oncles, c’est assez compliqué à comprendre, mais il est leur neveu. Rusty est arrivé dans le groupe pour prendre la place de Balmet (disparu en 2004 sans doute du SIDA). Les trois cousins et neveux ont un potentiel énorme et beaucoup d’énergie lors de leurs spectacles.

Comme vous le savez, notre rythme musical le bikutsi est l’expression du corps, il est très dansant avec plein de fantaisie et de vivacité. Pourquoi le groupe Z-YANG adopte un style un peu différent du nôtre ? Je dirais même que c’est avec votre influence que le groupe crée le world ekan (salsa, rumba congolaise, zouk, reggae, funk, bikutsi, français, anglais, ewondo, bassa). Alors quelle est la stratégie qui se cache derrière ce chemin nouveau ?

Tous les morceaux du disque Babylone ont été choisis par les 3 chanteurs. C’est leur choix, ils ont eu envie de s’approprier des rythmes connus. Ils ont voulus montrer que des jeunes de la ville pouvait s’approprier ces rythmes différents en y mettant leur touche. C’est le début de leur style.

Qu’est-ce qui fait en gros l’objet de votre engagement envers le groupe Z-YANG ? Que faites-vous exactement et sur quels plans agissez-vous ?

Agrandir la photo en cliquant ici J’aimerai que ce groupe puisse vivre de leur musique au Cameroun. J’ai crée avec le groupe en décembre 2009 Highways Byways au Cameroun. Les trois chanteurs sont vivement intéressés par la création de l’association, ils sont les membres, le leader Digy étant présidant. L’association est officialisée, après quelques méandres dans l’administration camerounaise. Il est vrai qu’il est assez difficile de connaître, pour une Française, les lois camerounaises et la manière de procéder. Je suis arrivée à avoir les bons renseignements grâce à l’aide de personnes de bonne volonté. Le groupe trouve aussi une raison d’avancer et se lance dans ce projet de demande d’aide. Cela leur permet d’avoir une structure sur place pour avancer. Ils ont déposé un dossier au ministère de la culture.

Si j’ai bien compris, vous avez fondé une association nommée HIGHWAYS BYWAYS, association socioculturelle pour la connaissance et la promotion de l’art à travers la culture. Elle agit au niveau camerounais et africain en général. Pouvez-vous nous présenter la mission et les objectifs de cette association plus explicitement ?

Agrandir la photo en cliquant ici Ma première rencontre avec le Cameroun a eu lieu en 1999 lors d’un voyage touristique dont le thème était la danse africaine. Au fil des années, des rencontres et des coups de cœur est née en moi, progressivement, l’envie d’apporter une aide, grâce à mes acquis professionnels, à des artistes. Ce fut tout d’abord pour une troupe de danseurs « la compagnie Phénix », un film de la captation de leur spectacle « l’âme de la danse » a vu le jour et fut diffusé sur les toutes les chaînes africaines en 2004 ; puis ce fut un petit coup de pouce pour le styliste Anggy HAÏF vainqueur du concours jeunes créateurs FIMA 2005 et qui depuis fait son chemin. J’ai crée l’association“Highways Byways“, dans un premier temps pour diffuser “l’âme de la danse“, de la compagnie Phénix.

Si je peux en déduire, le groupe Z-YANG est le premier client de cette association. J’aimerais savoir si c’est le groupe Z-YANG qui fut d’abord la motivation principale de la création HIGHWAYS BYWAYS ou alors il existe d’autres raisons plus stratégiques liées au marché musical africain.

Non comme je viens de vous le dire, l’association a été crée avant ma rencontre avec le groupe. Je suis venu en aide au groupe car je me suis rendu compte qu’il était très difficile pour des artistes de se faire connaître au Cameroun alors j’ai voulu leur donner un coup de pouce et je me suis retrouvé dans cette aventure.

Comme vous l’avez sûrement constaté, l’un des points forts des ekang est la création musicale et la danse. Le mouvement Nkul Beti s’intéresse beaucoup à HIGHWAYS BYWAYS dans la mesure où cette association peut devenir une plateforme musicale importante, c’est un marché vaste qui existe pour cette association.
Mon souhait serait alors d’avoir assez d’informations sur l’administration de HIGHWAYS BYWAYS. Comment peut-on s’imaginer l’organisation de cette association ? L’association est-elle ouverte à tout ekang qui aimerait faire carrière dans le domaine musical ? Si je veux me faire promouvoir par HIGHWAYS BYWAYS, comment dois-je m’y prendre ? Quelles sont les modalités au niveau des marges etc. ?

Agrandir la photo en cliquant ici L’association est ouverte à tous, mais tout est question de moyens, grâce à Internet la communication est importante. Le groupe Z-YANG est une première expérience qui n’arrête pas de progresser. Surtout de nos jours la musique est en pleine crise mais je suis sure que tout est encore possible. Les artistes africains sont très mal connus et méritent d’être promus. Mais tout est une question de moyens.

Qu’est-ce qui fait la particularité de HIGHWAYS BYWAYS par rapport aux autres structures camerounaise et africaines de promotion musicale ?

Highways Byways est une association française crée par une française aimant l’art avec pour seul but de faire connaître la culture africaine. Ses membres sont tous des professionnels de l’audiovisuel.

L’idée de faire de la promotion de la culture et des stars dans un cadre associatif est stratégiquement bien pensée, mais sur le terrain vous rencontrez des difficultés. La promotion des stars ekang est bloquée à quel niveau ? Quel genre de support souhaiteriez-vous avoir ?

La plus grande difficulté est sur place. C’est extrêmement difficile au Cameroun d’avoir des aides. J’ai la conviction que la promotion doit venir de l’Europe.

Il faut prôner l’innovation dans ce que l’on fait, c’est ma conviction. Croyez-vous que HIGHWAYS BYWAYS peut travailler dans ce sens afin que cette plateforme devienne une source importante de promotion musicale ? Si oui, avez-vous déjà certaines idées allant dans ce sens ?

Mon but c’est aussi de passer par l’image. Avec Z-YANG j’ai un projet de documentaire et je suis en ce moment entrain de monter le projet. C’est un début pour moi et j’espère que d’autres documentaires verront le jour.

Pour fermer le volet HIGHWAYS BYWAYS, travaillez-vous avec des partenaires ? Etes-vous à la recherche des partenaires ? Qu’est-ce que vos partenaires devraient apporter comme plus pour signer des accords de coopérations avec HIGHWAYS BYWAYS ?

Je suis dans la recherche de partenaires, je n’ai quelques uns déjà et certains en attente de concrétisation. Toutes les aides sont importantes pour les artistes.

Monique, revenons sur le groupe Z-YANG et dites-nous à quel niveau se trouvent vos efforts pour que ces jeunes deviennent de « grandes stars ». Puis-je affirmer que nous les vivrons live très prochainement en Europe ? Dans quels pays, si c’est le cas ici ?

Mon but est de les faire connaître et je m’y active avec détermination. Cela viendra en temps utile. Rien ne doit arriver trop brusquement car il faut être prêt.

Parlez-nous de l’album « babylone » ? Les bons souvenirs, le travail abattu, les ressources qui avaient été mises en disposition, le message de l’album etc. ?

Le message du groupe est un message de paix, de retour aux vraies valeurs, aux bases solides de la culture. J’ai raconté plus haut la genèse de l’album, ce fut effectivement un souvenir inoubliable.

Avant d’aborder la chanson qui m’anime de plus, je voudrais savoir si les membres du groupe Z-YANG sont disciplinés. Est-ce qu’ils travaillent avec la même endurance que les européens… ou alors ils s’oublient souvent...

Je fais un travail important avec eux en leur expliquant comment cela se passe en France. Il faut que tout se fasse progressivement car les artistes ont tendance à croire que tout est facile. Je leur dis qu’il n’y a que le travail qui compte. Cela commence à porter ses fruits, ils prennent conscience qu’il faut qu’ils soient sérieux et qu’ils travaillent sans cesse. Le groupe est en très bonne voie, ils sont sérieux.

La première fois que j’écoutais « Independancia », j’ai directement aimé cette chanson. Vous qui n’êtes pas directement affectée par les problèmes africains, comment trouvez-vous « Independancia » ? Que veut dire pour vous « la liberté d’un peuple ». Pouvons-nous parler de l’unification du peuple ekang et d’égalité dans notre société, si déjà nous ne sommes pas libres dans notre façon d’agir ?

Agrandir la photo en cliquant ici Je pense que l’avenir des Africains est entre leur main. Ils doivent réagir eux-mêmes. C’est ce que j’ai découvert progressivement. Ce qui me rassure c’est qu’il y a de plus en plus de mouvements qui se créent avec ce but. Highways Byways n’est qu’une plate-forme pour faire passer ce message.

Si j’ai bien compris, c’est Dominique Ange ESSONO qui a écrit « Independancia ». Appartient-il aussi à HIGHWAYS BYWAYS ? Parlez-nous un peu de lieu, c’est l’occasion pour nous de connaître un autre ekang avec du talent !

Dominique Ange ESSONO dit Digy est le leader du groupe. C’est lui que j’ai rencontré le premier en 2004.

Une idée qui me revient constamment en tête est celle de trouver un moyen de distribution pour « Independancia » via Internet. Cette chanson peut se faire intégrer dans un téléphone portable et par la suite utilisée à plusieurs fins. Alors que dites-vous de ma proposition ? La chanson peut même servir de générique pour beaucoup de medias africains.

Toutes les propositions sont bonnes et je trouve que c’est une superbe idée. Je suis complètement pour cette idée. Je fais de mon côté beaucoup de communication autour de cette chanson. Un clip a été fait par l’ECPAD avec des images d’archives datant de 1960. Je vous donne le lien.

Monique, notre tribune libre d’expression parle aussi du mouvement Nkul Beti en général. HIGHWAYS BYWAYS est enregistrée dans nos systèmes informatiques. Comment avez-vous trouvé le chemin vers nous ? Ou alors comment avez-vous su que le mouvement Nkul Beti existe ? Que pensez-vous de notre action d’autant plus que vous recevez chaque semaine des messages de nous ?

J’ai découvert ce mouvement par Internet en me documentant sur les « ékangs ». C’est un mouvement qui m’est apparu dynamique avec des informations régulières. Car souvent des sites ou blogs sont créés mais ne durent pas dans le temps.

Une question qui ne vous concerne pas directement mais que je voudrais malgré tout aborder est celle de la « faute collective » chez les ekang - Pourquoi le peuple ekang connaît des problèmes aujourd’hui ?
Afin de vous mettre dans une position à pouvoir répondre à cette question, je vais m’exprimer autrement par un exemple. Qu’est-ce qui explique le fait que vous preniez des engagements avec un group ekang, depuis déjà 2004 avec tous les risques et le boulot que ça engendre, alors que les « concernés » eux-mêmes ne prennent pas d’initiatives pour effectuer la promotion de leur richesse culturelle ? Il faut déjà souligner ici que vous investissez assez de temps pour cette promotion, vous avez des charges etc. Sept ans de travaille pour une œuvre presque humanitaire, chapeau ! Pourquoi une Française prend à la place des ekang des responsabilités aussi grandes ? C’est de la nonchalance de notre part ?

Ce n’est pas de la nonchalance, c’est plutôt d’apporter une aide grâce à mes compétences professionnels. C’est un travail sas doute immense mais qu’il faut faire progressivement. J’aimerai montrer que l’avenir n’est pas pour les africains la fuite en Europe et qu’il existe des ressources artistiques importantes au Cameroun et chez les ékangs en particulier. Il y a tellement d’artistes venus en France qui ont tellement du mal à vivre.

Avant de vous donner le dernier mot, j’aimerais savoir, si le mouvement Nkul Beti peut compter sur vous et sur votre association.
Une idée, qui m’est d’ailleurs venue en tête lors de nos échanges, est celle d’utiliser le créneau musical pour organiser une rencontre des ekang en Allemagne - Il pourrait donc arriver qu’un festival de bikutsi soit un point du programme de cette rencontre…

Sans aucun problème, je suis pour tout ce qui est positif. Et bravo pour votre dynamisme.

Nous sommes à la fin de cette interview. Quel est le dernier message que les membres de notre communauté doivent retenir de vous, du groupe Z-YANG et de votre association HIGHWAYS BYWAYS ?

Que tout est possible, même en cette période de crise. Cette année est une année d’anniversaire pour 17 pays africains. Il me semble que cela provoque beaucoup de réflexion. Je souhaite que toutes ces réflexions conduisent à trouver une certaine unité ce qui je crois n’a pas été trouvé dans le passé.

wa zukoaba ei za

Attirée par la création musicale africaine, je rencontre en 2004 au cours d’un stage de danse africaine dans le quartier Madagascar de Yaoundé, Digy le leader du Z-YANG. Digy me raconte l’histoire de son groupe, alors en plein drame ; un de leur membre, Balmet, est entrain de mourir. Je décide de les aider...

Durant 3 ans, je les soutiens et les conseille. Rusty rejoint Digy et Klapy, le groupe se reforme et repart...
Digy découvre qu’il peut chanter et passe du rap à la chanson. Z-YANG explore différents courants de musique africaine et crée son style le «world ékang». L’ékan est une variante du Bikutsi, musique emblématique du peuple Béti qui conduit à l’union du corps et de l’esprit par la danse et le verbe. Z-YANG mélange les sons et les rythmes - salsa, reggae, zouk, rumba congolaise, funk - sur la base des tempos de l’ékang.
Le groupe rencontre le succès, une maquette de 7 titres est réalisée.

Au mois de mai 2008, je reviens au Cameroun avec tout un équipement de prise de sons ; nous nous lançons, durant trois semaines, dans un travail d’enregistrement intense et riche en émotion.

«Babylone» et ses 8 titres voient le jour ...

À cette belle aventure, d’un continent à l’autre, j’associe tous ceux qui m’encouragent et qui m’aident.

Monique WISNIEWSKI

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