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Thierry Amougou « Le Prix Moumié sert à promouvoir des valeurs utiles»
Source, auteur, copyright
Source camer.be: © Publié en collaboration avec le journal Emergence : Propos recueillis par Lydie Seuleu
De nationalité camerounaise, Thierry AMOUGOU est macro économiste, maître de conférences à l’Université Catholique de Louvain la neuve (UCL) en Belgique, président de la Fondation Moumié[...]
     Date de publication: 31-10-2010   14:39:11
La naissance du héros et leur multiplication est le signe d’un échec du politique quand le surgissement soudain du nationalisme est toujours le signe d’une crise profonde qui place les peuples dans une recherche de forces et valeurs tutélaires censées être des bouées de sauvetage. Donc si Um Nyobè fut le produit de l’échec politique de l’Etat colonial, le CODE, de nos jours, est un produit du fiasco du Renouveau National car chaque dictature donne naissance à ses contre-tendances.
1. Monsieur AMOUGOU, Bonjour ! Merci de nous accorder cette interview. Avant d'entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs et lectrices qui vous lirons ?
 
C’est moi qui vous remercie de donner la parole aux Africains en général, et aux Camerounais en particulier. C’est tellement devenu une habitude chez nos médias qu’on perd de vue le fait que c’est une contribution énorme à l’émancipation du peuple africain que d’écouter parler les fils et filles d’un continent qui a toujours vécu sur un monde imaginé et construit par d’autres. Emergence contribue ainsi à la sortie de l’Afrique d’une situation où elle est développée par d’autres, pour celle où elle peut se développer elle-même par ce qu’elle se pense. La démocratie d’opinion contribue à l’émergence de l’esprit critique qui démystifie certains mythes rétrogrades, dénonce des injustices et place la rationalité scientifique au centre de la dynamique des sociétés. Je tenais à le souligner.

Vous m’avez demandé de me présenter aux lecteurs et lectrices. J’ai peur de vous décevoir. C’est une question qui me gêne un peu car je suis très pudique et très discret de nature. Je ne crois pas que ma modeste personne soit d’un grand intérêt pour les lecteurs et lectrices. Raison pour laquelle, je vais vous donner quelques grands traits de ma personne sans références intellectuelles. Ceux qui sont intéressés par ça savent où en trouver. Je ne le fais pas parce qu’une mentalité à combattre chez nous est justement celle d’Africains qui ne produisent rien pour le pays ou le continent, mais changent pratiquement leurs noms de famille pour adopter celui de docteur en ceci ou cela. C’est une signe de domination sociale basée sur des éléments exogènes comme le diplôme alors celui-ci est moins une fin en lui-même, qu’une caution et une autorisation pour commencer le travail proprement dit de production.

Ma présentation va donc être simple et courte. Je suis un Camerounais né à Sangmélima ville où mon papa a travaillé comme médecin dans les années soixante dix. Le plus grand souvenir positif que je tire de mes géniteurs est que mon père, chirurgien, m’a montré le chemin de l’école, quand ma mère, ménagère et agricultrice, a fait de moi un bon travailleur manuel. Je manie donc très bien à la fois la plume et la pioche.

En outre, je suis aussi, et je crois que c’est le plus important pour les lecteurs et lectrices, le président de la jeune et dynamique Fondation Moumié.
2. Comme vous le dites si bien, vous êtes le Président de la Fondation Moumié. Parmi, nous il y a des jeunes africain (e)s nés (e)s longtemps après les indépendances qui n'ont aucune connaissance du passé politique sur les indépendances de leur pays respectif. Quels sont les grands héros et héroïnes nationaux qui ont marqué la vie politique avant les indépendances en Afrique et au Cameroun en particulier ?
 
Cette question est un vaste chantier qui peut faire l’objet d’un livre. D’abord, parler des indépendances africaines me met parfois mal à l’aise car 1960 est moins l’année de la fin de la dépendance de l’Afrique par rapport aux anciennes puissances coloniales, qu’une reconfiguration de celle-ci à travers plusieurs mécanismes auxquels on donne le nom diplomatique de coopération Nord-Sud. Je pense qu’il est clair que les structures coloniales qui ont mis près d’un siècle à s’enraciner en Afrique, ne peuvent avoir fondu comme neige au soleil en 1960. Année qui, pour moi, est non le début de l’indépendance mais une date qui témoigne d’une étape importante dans la conquête de celle-ci : c’est la première précision à faire aux jeunes Africains car être indépendant pour un pays ou un continent, c’est aussi être son propre gendarme, avoir un droit souverain et battre sa propre monnaie, choses dont plusieurs restent des mirages pour le Continent Noir. Le temps calendaire que représente 1960 est donc en grand décalage avec le temps politique et social des Africains encore synonymes de souffrances dont de nombreuses causes sont liées à l’absence d’une indépendance réelle pas seulement vis-à-vis de l’Occident, mais aussi de leur propres dirigeants.

En conséquence, ceux qu’on appelle généralement des héros de l’indépendance sont aussi des hommes et des femmes qui ont contribué à la marche vers cette autre étape de conquête de notre indépendance qu’est 1960. Citer complètement leurs noms serait pour moi impossible pour deux raisons. Primo, il n’y a pas seulement ceux qu’on connait que l’on peut qualifier de héros, mais aussi tous ces inconnus qui, un jour, alors qu’ils vivaient au sein de la redoutable machine coloniale, ont, soit bravé celle-ci, soit posé des actes de désobéissance civile. Secundo, ceux que nous connaissons restent aussi si nombreux que l’on peut manquer de temps pour tous les citer. Néanmoins, je peux dire aux jeunes générations africaines que Nkwamé Nkrumah, Sékou Touré, Hamilcar Cabral, Tafawa Belewa, Patrice Lumumba, Douala Manga Bell, Martin Paul Samba, André Marie Mbida, Um Nyobè, Félix Moumié, Ernest Ouandié, Ossendé Afana, Olympio, Jomo Kenyatta, Moktar Ould Dadda, Mehdi Ben Barka ont été de grands Africains dans la lutte pour le droit du Continent Noir et de son peuple à disposer d’eux-mêmes.

Cette liste est loin d’être exhaustive car il y’a de nombreux acteurs qui, au sein de chaque territoire africain, ont parfois donné leur vie parce qu’ils n’acceptèrent pas d’être niés comme espèce humaine ayant des droits. Ce qu’il faut aussi dire aux jeunes générations est que ceux qui sont dits héros ne sont pas des saints. Chaque héros à sa part d’ombre et reste un homme comme le prouve le livre que Nelson Mandela publie ce mois d’octobre : il dit au monde qu’il n’est pas un sain ni même proche de l’être. De même, les jeunes doivent aussi savoir que certains Africains ne sont pas dits héros parce qu’ils sont morts, mais parce qu’ils ont posé des actes héroïques pour défendre la liberté de l’Afrique et des Africains.

Vous remarquerez que les noms que j’ai cités ne sont pas du même côté de la barrière politiquement parlant. Je donne en effet des noms d’Africains morts pour leurs idées au combat pour la liberté, et ceux d’autres Africains ayant réussi à prendre le pouvoir après la fin officielle des occupations coloniales. Cette remarque est importante car le héros ne doit pas avoir une couleur politique qui fait de lui un héros indépendamment de la portée des actes posés pour défendre son peuple, son pays ou une cause quelconque. Quiconque veut parler aux jeunes générations de l’histoire africaine des luttes pour les indépendances, doit éviter ce biais partisan qui peut amener un modéré à se dire aussi que des dirigeants comme Ahmadou Ahidjo, Mobutu ou encore Léon Mba, sont aussi des héros dans la mesure où ils auront réussi à négocier avec les anciennes puissances coloniale, en épargnant ainsi des millions de vie humaines, là un Um Nyobè et sa rébellion auront entraîné la mort de centaines de Camerounais. A titre d’exemple, en 1949, on entendait encore dans la foule française : « De Gaule assassin ! Nous défendrons la république ! ». Ce qui veut tout dire sur les possibles dérives d’une interprétation partisane de l’histoire.

Dire l’histoire et rien que l’histoire aux jeunes générations africaines, interdit la confusion entre histoire et mémoire. La mémoire, au mieux, est un aspect de l’histoire et, au pire, une interprétation partisane de celle-ci dans la mesure où elle ne rend pas toujours miscibles tous les faits historiques. Cette différence permet aussi d’éviter la guerre des mémoires dont je parle. Ce n’est donc pas à la Fondation Moumié de décréter des « lieux de mémoires consensuels ». Ceux-ci ne peuvent être incontestables que s’ils sont le résultat d’un long travail de tri fait par un peuple au sein de son histoire. Ça ne peut se faire cependant sans une organisation qui y travaille comme la Fondation Moumié. Celle-ci, vous l’aurez compris, a obligatoirement un parti pris en mettant plus évidence ceux des Africains qui ont laissé leurs vies ou consacré celle-ci aux combats pour la liberté, par rapport à ceux qui ont parfois trahi cette lutte pour le pouvoir et des avantages divers : ça s’appelle un jugement de valeurs. Et des valeurs, il en faut pour bâtir un continent avec une identité singulière.

La dernière chose que je dirais aux générations futures serait que la collection des héros et la résurgence du nationalisme ne sont jamais de bons signes pour un pays ou un continent. La naissance du héros et leur multiplication est le signe d’un échec du politique quand le surgissement soudain du nationalisme est toujours le signe d’une crise profonde qui place les peuples dans une recherche de forces et valeurs tutélaires censées être des bouées de sauvetage. Donc si Um Nyobè fut le produit de l’échec politique de l’Etat colonial, le CODE, de nos jours, est un produit du fiasco du Renouveau National car chaque dictature donne naissance à ses contre-tendances.
3. En dehors de la Fondation Moumié, y a-t-il d'autres Fondations du même caractère pour d'autres héros et héroïnes africain(e)s ?
 
A ma connaissance je ne connais que la Fondation Kapet de Bana qui va vers ce sens. Mais n’ayant pas assez d’informations dans ce domaine, je crois ou mieux, j’espère que d’autres existent. C’est l’occasion de lancer un vibrant appel à toute autre association qui travaille dans ce sens afin qu’elle prenne contact avec nous car l’union fait toujours la force. Ce serait sûrement l’occasion de discuter et d’échanger dans ce domaine.

Ce que je peux dire à ceux qui veulent s’y lancer mais qui hésitent encore, est qu’instituer efficacement un travail de mémoire, est très important car c’est faire œuvre de transmission. Les malheurs historiques les plus ignobles se reproduisent très souvent chez les peuples qui oublient et baissent la garde. L’Afrique est le dernier endroit au monde où cela doit se passer.
4. Moumié fait partie des grands héros africains pour la lutte des indépendances, pouvez-vous nous rappeler l'historique du prix qui porte son nom ?
 
Vous savez, l’origine des choses est difficile à saisir comme processus car il y’a déjà toujours quelque chose au moment où on commence une autre. Il aurait fallu que Félix Roland Moumié et ses pairs de l’UPC eussent combattu l’occupation coloniale avec bravoure, pour que d’autres Camerounais eussent eu des arguments tangibles sur lesquels bâtir la Fondation Moumié au 21ème siècle. Si je prends l’image d’une fusée, c’est cette œuvre historique de l’UPC et de ses leaders qui constitue le premier étage de la fusée qu’est la Fondation Moumié.

Le deuxième étage fut mis en place par la diaspora camerounaise lorsqu’elle s’appuyât sur ce premier étage comme base. En effet, au 21ème siècle, l’historique du prix Moumié et de la Fondation est une trajectoire idéelle et humaine qui a commencé au sein des organisations de la diaspora dont des antennes se trouvaient en Belgique, en France, en Angleterre, aux Etats-Unis et au Canada. C’est une période pendant laquelle j’étais encore étudiant au Cameroun sans aucune connaissance des ces structures. Mais très vite, une incompatibilité est apparue entre certaines organisations plongées dans le feu de l’action politique au Cameroun, et l’idée d’une Fondation Moumié qui se fixait pour objectif la promotion de la démocratie, de la justice, du développement et de l’Etat de droit partout en Afrique : il y’avait donc des décalages entre ces autres organisations de la diaspora et la Fondation Moumié : un décalage au niveau de l’échelle d’action, un décalage au niveau de l’objet de l’action, et un décalage au niveau des moyens de l’action.

Raison pour laquelle, après le premier et le second prix remis par les membres fondateurs, la Fondation Moumié est passée à son troisième étage sous décisions des organisations à son origine. Elle est ainsi devenue une organisation autonome en ce sens qu’elle avait désormais un bureau distinct de celui des autres organisations de la diaspora. En outre, leurs organisations et activités sont désormais gérées par leurs bureaux respectifs sans comptes à rendre l’un à l’autre. Cependant, de temps en temps, comme ce sera le cas lors du prochain prix Moumié à Genève, les membres fondateurs de la Fondation Moumié dispersés dans de nombreuses autres associations de la diaspora camerounaise, seront sûrement de la partie. La Fondation Moumié, telle qu’elle fonctionne maintenant, a même un bureau multinational car sa secrétaire est Madame Rebecca Tickle, une Suissesse. Ce qui est une très bonne chose car un défenseur de l’Afrique non africain peut aussi recevoir le prix Moumié. Voilà donc les trois étages qui expliquent le processus d’institutionnalisation de la Fondation Moumié. Le troisième étage ne pouvait voir le jour sans les deux premiers. Cette trajectoire institutionnelle est la même que celle du prix Moumié.

Cela n’a rien de surprenant car il faut bien que les choses naissent et commencent quelque part. L’UMP en France vient du RPR lorsque que le RDPC au Cameroun a pour ancêtres fondateurs l’UC et l’UNC. Tout ce que je peux vous dire, c’est que la Fondation est désormais une entité, et mes écrits le démontrent, qui émet des critiques sur certaines actions de l’opposition camerounaise. C’est la preuve qu’elle se positionne aussi comme une force de proposition car le moment de la contestation de l’actuel régime aura une fin, et il faudra apporter des idées pour bâtir, tant une nouvelle Afrique, qu’un nouveau Cameroun. Son président que je suis vient d’ailleurs de participer à un ouvrage collectif sur l’Afrique du futur. Il vous sera présenté dans les prochains jours. Son titre est : NOUS FAISONS LE RÊVE QUE L’AFRIQUE DE 2060 SERA…La contribution de la Fondation Moumié s’y trouve.

D’autres propositions, même si le pouvoir de Yaoundé fait semblant de ne pas nous entendre, ont déjà été faites aux députés camerounais par rapport aux descendants de nos héros nationaux. D’après nos échos, les députés camerounais furent unanimes sur le bien-fondé des propositions, mais n’y donnèrent pas de suite. Je pense que c’est parce qu’elles ne furent pas faites par de « bons Camerounais ou des Camerounais comme il faut ». C'est-à-dire, muets sur la déroute mémorable du Renouveau National.
5. A quoi sert ce prix précisément ?
 
Les Camerounais en particulier, et les Africains en général vivent ce que j’appelle dans mon récent livre, « une modernité insécurisée ». C'est-à-dire qu’ils font face à un ensemble de carences normatives, institutionnelles et matérielles au sein des Etats au sens modernes de ces termes. Aux carences institutionnelles accumulées par des systèmes sociaux déstructurés par la colonisation, se sont ajoutées les carences de gouvernance des Africains au pouvoir depuis 1960. En conséquence, les carences matérielles et normatives se sont renforcées. D’où un profond hiatus entre ce que signifie être indépendant, et le ressenti de souffrance généralisée qu’exprime le peuple africain.

Agir sur la dynamique régressive qu’on installée les « peaux noirs masques blancs » dont parle Franz Fanon et leurs relais internationaux depuis l’Etat colonial, est une œuvre de longue haleine. Elle doit commencer par un travail sur les mentalités en place qui ont eu le temps de s’enraciner. Il faut combattre une conception du pouvoir comme un instrument d’écrasement de ses concitoyens. Il faut combattre le besoin morbide de pouvoir à vie. Il faut aller en croisade contre les seigneurs des biens mal acquis, de la spoliation des Etats et de la manipulation des Constitutions à leur guise. Il faut dénoncer les injustices et les abus de pouvoir. Y arriver ne nécessite pas d’abord beaucoup d’argent, mais des modèles vivants, des exemples qui peuvent justement prêcher par l’exemple.

En conséquence, dans cette Afrique où celui qui résiste aux sirènes de la corruption est un héros et meurt très souvent pauvre, la Fondation Moumié a choisi de mettre en lumière ces hommes et ces femmes qui maintiennent le flambeau dans les ténèbres des dictatures. Ils reçoivent un prix qui témoigne de leurs comportements à contre-courant des valeurs rétrogrades des régimes qui sèment la mort et le désespoir. Ainsi que je le dis souvent, ces hommes et femmes qui reçoivent le prix Moumié sont des opérateurs symboliques parce qu’ils véhiculent des valeurs essentielles mais en voie de disparition. Ils sont aussi des opérateurs d’actions car ils sont en action de nos jours ou l’ont été hier pour l’avènement d’une nouvelle Afrique ici et maintenant : ce sont des héros contemporains, et le prix est un encouragement pour la continuité tant de ce qu’ils sont que de ce qu’ils font. Le prix sert donc à promouvoir des valeurs utiles aux respects des droits de l’homme. Il jette les bases d’une sécurité collective et d’une responsabilité altruiste en Afrique. Enfin, c’est un prix qui montre que l’avenir prospère de l’Afrique est entre ses mains car on y trouve des femmes et des hommes capables du meilleur.
6. Pourquoi certains lauréats et d'autres pas ?
 
Ces derniers temps les articles de la secrétaire de la Fondation Moumié Madame Rebecca Tickle vous ont beaucoup parlé des lauréats et de leurs mérites. Je ne vais pas y revenir mais essayer de répondre à votre question qui, je l’avoue est récurrente. Ce qu’il faut savoir c’est que nos lauréats sont choisis par le biais d’un long processus de filtrage où interviennent plusieurs étapes. La première étape est celle de la mise en place d’un bureau d’experts, d’universitaires et d’autres personnes ressources qui nous font des propositions comme cela se fait au comité Nobel toutes proportions gardées. En toute indépendance, ce comité de haut niveau arrive, par filtrage, épuration et élimination successives, à un petit nombre de noms candidats au prix Moumié : c’est la deuxième étape. Tout dépend alors des instructions qu’on lui donne sur le nombre de lauréats. Si nous voulons par exemple deux lauréats, il nous sort les deux noms qui ont obtenu le plus nombre de points ou le plus grand nombre de vote. La dernière étape est celle de la publicité des lauréats par le bureau.

Je vous explique ce processus de sélection afin que vous sachiez aussi que c’est une ouvre humaine qui ne fera jamais l’unanimité car non parfaite et sujette à la subjectivité et sensibilité des membres du comité de haut niveau, même si ceux-ci changent chaque année. Donc, à la question de savoir pourquoi ces lauréats-ci et pas d’autres, je dirai deux choses : d’abord que ces sont ceux-là que le comité de haut niveau a plébiscité. Ensuite, je vous demanderai à mon tour pourquoi d’autres et pas eux ?

On ne sort jamais de l’auberge avec ce genre de question car elle démontre que l’unanimité ne sera jamais faite. On a accordé un prix Nobel dernièrement à un dissident chinois en prison qui n’a jamais sauvé une seule vie humaine, mais lutte pour l’avènement de la démocratie en Chine. Ce qui veut dire que des considérations politiques interviennent aussi dans le travaille de ceux qui sélectionnent car ils ont un message de démocratie à envoyer à la Chine et Chinois. Les lauréats de la Fondation Moumié cette année sont donc aussi des incarnations d’un message et d’un espoir que la Fondation Moumié veut envoyer aux Africains et à l’Afrique. Bien sûr, ce ne sont pas les seuls qui méritent le prix, mais ce n’est pas non plus le dernier prix Moumié.
7. Pourquoi organisez vous chaque année la cérémonie de remise du Prix Moumié à Genève et non au Cameroun ?
 
Barack Obama a fait son premier discours en terre africaine à Accra au Ghana. Ceux qui visitent le Sénégal ne manquent pas d’aller à Gorée, lieu d’embarquement des esclaves pour les Amériques. Ces endroits ne sont pas les plus beaux au monde. Obama a choisi le Ghana par ce qu’il avait un message de démocratie à transmettre aux Africains. La terre ghanéenne où le processus démocratique semble en bonne voie était donc le lieu idéal pour cette cohérence entre son discours et l’endroit où il fut prononcé. De même, Gorée au Sénégal est un lieu emblématique du commerce triangulaire. C’est un territoire qui parle beaucoup à quiconque s’intéresse à cet aspect de l’histoire.
8. Pourquoi Genève et pas le Cameroun pour la remise du Prix Moumié ?
 
Tout simplement parce que Félix Moumié a été assassiné à Genève qui devient ainsi un lieu de mémoire. Le plat d’argent, restaurant où il fut empoisonné se trouve toujours dans le vieux Genève et constitue une étape dans nos cérémonies de remise du prix. Avant la remise du prix proprement dite, tous les lauréats refont cet itinéraire et se recueillent à chacun de ces endroits où la vie d’un Africain s’arrêta. On chante l’hymne, on fait des témoignages et explique aux Occidentaux curieux le pourquoi de la cérémonie. La Fondation Moumié fait même actuellement des démarches pour que la rue où se situe ce restaurant porte le nom de rue Félix Roland Moumié. Donc Genève parce que, chaque année, nous repartons sur les derniers pas de Moumié et nous revivons ses derniers instants sur terre en faisant son chemin de croix. Nous imaginons son dernier souffle et nous entrons mentalement en communication avec lui et son combat en parcourant les derniers endroits de Genève qui le virent vivant. C’est aussi le côté spirituel de la journée car des prières sont faites et une gerbe de fleur déposée à chacun des points nodaux de sa dernière trajectoire.

Il n’y a rien de plus cohérent que de remettre le prix Moumié dans la ville où Moumié a été tué par les services secrets des pouvoirs néocoloniaux. Il n’y a pas seulement le plat d’argent (restaurant), mais aussi l’hôpital où Moumié, déjà en train de passer de vie à trépas après son empoisonnement au thallium, fut conduit et trouva la mort. Au moment où l’Afrique fête le cinquantenaire de ses indépendances et que l’assassinat de Félix Moumié a aussi cinquante ans, Genève où ce fils du Cameroun mourut alors qu’il demandait l’indépendance réelle de son continent, devient le lieu et le berceau d’une double mémoire : celle des indépendances et celle de la mort pour ces indépendances.

C’est ça instituer efficacement un travail de mémoire et non, comme le font les régimes africains en cette année 2010, boire, manger et danser, sans prononcer un seul nom des fils du continent qui moururent au combat pour le droit des peuples africains de disposer d’eux-mêmes. Le prix est une façon de rendre ces hommes et leurs combats éternels. Genève est le Golgotha de Félix Moumié. Son chemin de croix s’y acheva mais tout pour l’avenir y commence aussi.
9. Vous avez en vue de faire un Moumié Fund raising, pouvez-vous nous donner la motivation à cela ?
 
La Fondation Moumié est très jeune. Elle a une ambition panafricaine et fait donc face à de nombreuses dépenses pour faire venir les lauréats en Europe, assurer leur hébergement et recevoir ses multiples invités.

Cette fondation a aussi des projets de développement à mettre en place dans l’avenir. Le plus imminent de ce projet et de donner des sépultures dignes de ce noms aux compositeurs de l’hymne national camerounais. Les dépouilles de ces hommes sont envahies par la broussaille dans leurs villages alors qu’ils méritent quand même plus et mieux, étant donné ce qu’ils ont apporté au pays.

Un étranger qui arrive au Cameroun devrait pouvoir aller visiter les tombes des compositeurs de l’hymne national du pays ? Il devrait pouvoir lire une mini biographie sur leur pierre tombale, et demander s’il peut y faire des photos. Ce sont des projets qui demandent un peu de moyens. Il y’en a bien d’autres comme un mausolée pour tous nos héros des indépendances. C’est ça aussi travailler pour la mémoire. Quand on voit toutes les ressources dilapidées par l’élite dirigeante camerounaise, on se demande si de telles idées existent un seul instant dans sa tête et ses projets de dépenses. En raison de cela, « le Moumié Fund raising » revient à faire un appel de fonds en demandant à tous les Africains et Camerounais de bonne volonté de soutenir ces projets.

Pour le moment, nous sommes sur le chantier de la troisième édition du Prix Moumié et tous ceux qui veulent aider la Fondation Moumié d’une façon ou d’une autre, peuvent prendre attache avec la fondation Moumié
10. Vous organiserez une cérémonie à Genève, sur quel thème sera-t-elle portée et qui sont les intervenants invités ?
 
La conférence qui rythmera la dernière phase de la cérémonie de remise des prix a pour thème : le déficit démocratique en Afrique centrale et risques d’implosion sociale.

Les peuples d’Afrique Noire en général connaissent en effet ce que j’appelle très souvent un double déficit démocratique. D’un côté, les Etats africains sont des acteurs dominés de la scène internationale au point où ils sont très souvent contraints d’adopter des politiques de développement imposées par les bailleurs de fonds, dont les anciennes puissances coloniales et les institutions financières internationales. De l’autre côté, les populations africaines vivent déjà, dans leur immense majorité, dans des régimes dictatoriaux. Il en résulte que ces populations subissent un double déficit démocratique, un de type international par le biais de leurs Etats méprisés, et l’autre national du fait de leurs propres dirigeants ivres de pouvoir absolu. C’est une situation qui entraîne des frustrations pouvant déboucher sur plusieurs formes de violences et de souffrances sociales.

A cet effet, plusieurs experts, hommes politiques et universitaires africains porteront leur regard sur cette problématique cruciale dans le but d’en examiner tous les contours et conséquences. Nous aurons donc avec nous des analystes et spécialistes de haut vol comme Monsieur Rigobert Bwemba-Bong géo-politologue camerounais et militant de l’UPC ; Monsieur Anatole Tshizubu Malu, de nationalité congolaise, consultant en normes internationales et président de l’université populaire africaine ; Monsieur le Professeur Bégong-Bodoli Bétina, centrafricain et Monsieur le professeur Acheikh Ibn Oumar, mathématicien et ancien ministre de nationalité tchadienne. Ça vaudra la peine de venir à Genève pour écouter cette intelligentsia africaine.
11. Un dernier mot !
 
Venez nombreux à Genève. En dehors de ceux qui sont spécifiquement invités par la Fondation, tout Africain et tout Camerounais intéressé peut venir à ses frais aux cérémonies de remise du prix. Seul sauvera l’Afrique la liberté de l’esprit qui lui donnera la force des remises en cause nécessaires et nous affranchira des conformismes, conservatismes et intérêts à courte vue.
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