Au lendemain de la mort de Henri Bandolo le 16 juillet 1997,les témoignages ont unanimement déploré la disparition d’un maître du journalisme. De son fauteuil de président de l’Union de la presse francophone, Hervé Bourges parlait du «meilleur professionnel d’Afrique». Charles Ndongo, l’actuel directeur de l’information à la Cameroon radio television (Crtv), confessa que Henri Bandolo était le journaliste à qui il voulait ressembler. Jean Pierre Biyiti bi Essam, devenu plus tard ministre de la Communication, écrivait : «Notre métier est un métier de gens civilisés. Tu nous l'a si bien appris, Henri, que dans ce métier, non seulement l'injure est inefficace, mais qu'un journaliste, un vrai, peut tout dire, et le rester sans humilier personne (…) Je persiste à penser que si tu as été ce diseur de vérités tant redouté, ce pédagogue émérite dans une salle de classe aux dimensions d'un pays qui a le nom Cameroun, c'est parce que tu as su très tôt que l'essence même de notre vocation, c'est d'être un peu sorcier, c'est-à-dire éveilleur de consciences». Ces propos font allusion au contexte bien difficile dans lequel a exercé la première génération des journalistes camerounais d’après indépendance, à laquelle appartient Henri Bandolo.
En cette année 1964, celui qui deviendra l’enfant prodige du journalisme débute comme animateur à radio Cameroun. Il s’est jeté à l’eau malgré les avertissements de son journaliste de père, André Ngangué, sur les risques du métier. Au Cameroun, en effet, l’opinion est divisée, la presse aussi. Il y a, d’un côté, la presse nationaliste, considérée comme subversive, car elle qualifie de mascarade l’indépendance obtenue quatre ans plus tôt. De l’autre côté, la presse progouvernementale a pour mission de rallier les Camerounais de tous bords au régime en place. C’est dans celle-ci que Henri Bandolo s’est engagé. «J’aimerais que l’on entende ma voix dans tous les foyers comme j’entends la tienne partout où je passe» : ainsi parle le fils à son père. En 1966, avec l’instauration du parti unique, le régime du président Ahmadou Ahidjo se durcit. Non seulement la presse nationaliste est de plus en plus réprimée, mais également, tout écart de la part d’un journaliste est sanctionné. Néanmoins, Henri Bandolo que beaucoup appellent affectueusement H.B., anime chaque dimanche une émission satirique baptisée «Dominique», dans laquelle, comme l’affirme Hervé Bourges, «il parlait sans ambages de la société camerounaise, de ses travers, de ses responsables politiques ou administratifs, de leurs incompétences, le cas échéant». Le journaliste et son émission se font autant d’admirateurs que de détracteurs, voire des ennemis. «Bandolo fut parfois l'objet de tentatives d'intimidation. Mais comment capturer l'intelligence, quand elle captive elle-même un auditoire très large, dans son pays et au-delà de ses frontières ?», s’interroge Hervé Bourges. En effet, au cours de la décennie 1970, les passages de H.B. à la radio ont marqué les esprits, surtout lors de la présentation du journal. Il parlait bien et savait donner solennité et familiarité à sa voix. Avec Bandolo, l’excellence est possible, même dans le contexte le plus difficile, le tout, c’est d’y mettre la volonté, le courage, le talent, et surtout, le travail acharné. Voilà qu’il a gagné la sympathie puis l’estime du président Ahmadou Ahidjo. En 1978, il est nommé chef service des programmes en langue française à Radio Cameroun. Un an plus tard, Henri Bandolo devient délégué provincial de l’Information et de Culture à l’Est, puis au Sud-Ouest. Mais selon Jean Vincent Tchienehom, qui a cheminé avec Bandolo à la radio, celui-ci considérait ces affectations comme une manière de «l’exiler». «Il en avait probablement parlé au président Ahidjo, qui prendra un décret pour modifier l’organigramme de la Sopecam (Société de presse et d’édition du Cameroun) en créant notamment un poste de directeur adjoint, où il nomme Henri», rappelle-t-il. Henri Bandolo excelle aussi dans la presse écrite, en tant qu’éditorialiste à Cameroon Tribune. Il est par ailleurs conseiller à la rédaction du magazine Africa International. Mais, dans le contexte de l’époque, seuls, le talent et le travail acharné n’auraient pas suffi pour atteindre les cimes.
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Écrit par Assongmo Necdem - Le Jour
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