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Rokia Traoré: «J'ai comme une envie de coup de gueule»
Source, auteur, copyright
slateafrique - Propos recueillis par Nadéra Bouazza
Beautiful Africa» est le nouvel album de la chanteuse malienne Rokia Traoré. Elle s'est prêtée à un exercice d'entretien tablette, où les questions sont remplacées par des vidéos; des images, des photos. Une autre manière d'aborder l'univers de l'artiste.
     Date de publication: 04-03-2013   04:49:52
L'interview se déroule dans l'un des nombreux couloirs de ce grand machin qu'est le siège de l'Unesco, en plein coeur du VIIe arrondissement de Paris.

Une grande soirée de solidarité pour le Mali y est organisée. Car la guerre continue, malgré l'intervention militaire des armées française et malienne. Rokia Traoré est là. Au milieu de la fourmilière onusienne.

Silhouette longiligne, drapée d'un châle coloré, maquillée de noir et de brillant à lèvre, Rokia se plonge dans l'univers de chaque image, essaie d'y retrouver une part d'elle-même.

Pendant l'entretien, elle croise le regard d'amis, de collègues qui la saluent et la taquinent en bambara (une des langues parlées au Mali). Aussitôt la poignée de mains passée, elle revient dans son monde, une bulle que Rokia Traoré arrive à recréer partout où elle passe. Même au milieu de ce dédale onusien.

Rokia Traoré, difficile de vous réduire à un genre, un style musical, même à une tenue. Dans la vidéo qui suit, vous êtes habillée de vêtements traditionnels, entourée de choristes.



C’est un titre d’une dame exceptionnelle. Une des plus grandes cantatrices malienne Bako Dagnon, dont j’adore la musique, l’originalité. Quand on n’est pas du Mali, on ne s’en rend pas compte, mais dans les artistes du milieu griot, elle est très particulière. Très en phase avec la manière traditionnelle.

Le principe du «griotisme», on n’en parle beaucoup parce qu’il y a des spécialistes de l’Afrique de l’Ouest, mais on ne se rend pas toujours compte qu’il y a un milieu griot très moderne.

Bako Dagnon fait partie des quelques griots qui parlent encore des principes du griotisme qui est tout sauf le rapport client/agence de publicité. Certains hommes d’affaire utilisent effectivement des griots pour louer leur action. Mais, au quotidien, on a encore besoin des griots, pour les démarches de mariage, les baptêmes. Et Bako Dagnon appartient à cette famille d’artistes qui restent en dehors de la sphère de l’argent. Je l’aime beaucoup. Depuis deux ans, elle m’enseigne le chant classique.

Je n’ai pas le même rapport à la musique que ceux qui sont nés dedans. Un classique en Afrique. La plupart des musiciens ont grandi avec la musique. Dans un certain sens, c’est mon cas, puisque mon père est passionné de musique. Mais la musique n'était pas son métier.

Il a fait partie d’un orchestre, mais il était professeur des écoles, puis il a fait des études pour devenir diplomate. Il a continué à écouter beaucoup de musique, mais avec le recul du mélomane, pas celui du professionnel! C’est ainsi que j’ai découvert la musique. Mes premières bases, mes premières connaissances en musique, c’est avec lui. C’est avec mon père. Ce qui fait que je touche à tout!

Finalement, je suis entrée dans la musique de manière très naïve. J’ai fait de la radio. Au début, j’écrivais beaucoup, tout au long des voyages. Un enfant qui grandit de manière solitaire se raccroche toujours à quelque chose: moi, c’était l’écriture.

Enfant, j’étais fascinée par les routes. Lorsque nous étions à Alger et que mon père nous emmenait à la mère le week-end, je me souviens de cette route qui se déroulait devant nous avec les flancs de la montagne d’un côté, et la mer de l’autre. A cet instant, je me demandai à quoi ressemblerait la fin du monde.

Concordances de trois langues donc trois cultures qui s’imbriquent, se nourrissent, se complètent: bambara, français, anglais... Comment vivez-vous ce voyage entre ces trois langues?

J’adore ce bouquin car c’est vrai. On ne comprend réellement les gens et on intègre leur monde lorsqu’on comprend les langues. C’est très logique. L’être humain a le fort de s’éloigner des choses les plus basiques, qui expliquent pourtant le plus simplement qui on est et qui nous permettent de nous comprendre!

On perd ces choses basiques: la manière de dire bonjour à quelqu’un! Cela permet de cerner la personnalité d’une personne. Personnellement, j'ai l'impression de ne jamais avoir fini d’apprendre une langue. Il y a quelque chose à saisir dans la langue et dans le comportement de ceux qui la parlent.

Le français et le bambara sont mes premières langues. Je les ai apprises quasiment en même temps en n'ayant pas exactement le même rapport à l'une et à l'autre, parce que ma vie n’est pas la même des deux côtés.

La France est un pays d’adoption sur plusieurs plans: avant même que je naisse, par rapport à la colonisation, et ensuite par rapport à la manière dont j’ai grandi par la suite.

Depuis 10 ans, j’ai une relation quotidienne avec la France. Je découvre sa géographie, son histoire, sous un angle de quelqu’un qui habite là. J’ai ainsi encore appris le français, une langue que je comprenais, mais que je n’entendais pas de la même manière, comme un Français ayant grandi en France.

J’ai passé beaucoup de temps de ma vie en Belgique, dans un milieu francophone diplomate africain. Un milieu très particulier. C’est en vivant en France, en travaillant, en visitant à nouveau la Belgique, hors de ce petit milieu de diplomates, que j’ai redécouvert la Belgique.

L’anglais, c’est une langue que je connais depuis longtemps. Mais je n’ai jamais vécu dans un pays anglophone! Donc, c’est encore un autre rapport.

J’ai besoin de chanter dans les langues que je parle. Pour l’anglais, c’est étrange. C’est une langue que je ne parlais pas au quotidien mais qui avait une grande place dans mes textes. Aujourd’hui, c’est différent. L’anglais est devenu un langue du quotidien.

Le bambara est la langue dans laquelle j’ai forcé l’écriture à mes débuts parce que je n’avais alors que des textes en français. Je voulais faire des textes en bambara. C’était symboliquement important pour moi. Je savais chanter des chansons en bambara, mais pas écrire des chansons.

Il y a un vrai intérêt artistique à écrire dans cette langue qui est très musicale. Je suis émue quand je pense que l’anglais, le portugais, l’espagnol nous permette d’avoir quelque part une unité en Afrique. Une chanson en français, en anglais ou en bambara permet de toucher plus d’Africains. Et c’est ce qui m’émeut. Je n’arrive pas à penser en termes de marketing, lorsque j’écris mon texte.

Vous êtes finalement une enfant habituée au perpétuel déracinement, qui, progressivement, a pu créer son propre monde. De quoi parle-t-il?

Mon monde, c’est un monde fait d’honnêteté et d’ ….humilité. C’est mon monde. Mon rêve! Cela ne veut pas dire que je sois honnête et humble, puisque je reste un être humain, mais ce sont des qualités qui font partie de la philosophie bambara et dont j’ai beaucoup entendu parlé depuis mon enfance, avec mes parents. D’être sincère dans ses relations est quelque chose d’important parce que c’est directement lié à la dignité. Ce sont des choses qui font partie de mon monde et que je trouve très important.

Je pense qu’il n’y a pas de titre qui ne parle pas d’humilité d’une manière ou d’une autre. Je lisais encore les textes il y a quelques jours, et je me disais: «Mince! Ça revient tout le temps.»

Ce morceau exprime une volonté de changement pour l’Afrique. Malgré votre tristesse de voir le Mali basculer en quelques heures dans une crise dont on ne voit pas encore l’issue, vous rêvez à une autre Afrique.



C’est une chanson qui m’est chère. La dernière née de cet album, qui vient du cœur. Une envie de coup de gueule!

C’est l’album le plus humain, le plus social aussi. Je parle du rôle de l’Africain auquel je crois: la prise en main de l’Afrique par les Africains. Ça n’est pas anodin tous ces jeunes qui veulent partir et qui ne croient pas en l’Afrique! On ne peut pas les blâmer, mais ne serait-il pas temps de regarder les raisons profondes?

Oui il y a un rapport néocolonialiste entre l’Afrique et l’Europe, mais sommes-nous obligés de l’accepter? Au fil de mes lectures, j’ai appris qu’aucune pénétration de l’Occident en Afrique ne s’est faite sans l’aide d’Africains. Même l’esclavage. Et si cela n’avait pas eu lieu, oui, on serait plus riches… Le mal de l’Afrique est toujours venu de l’Afrique. C’est l’impression que j’ai, en lisant …

La guerre ne se passe pas en Occident! Pendant que l’on discute, qui a mal? Quand est-ce que les dirigeants africains vont voir l’Afrique en un seul bloc et non pays par pays? C’est une question sincère qui n’est pas politique.

En tant que citoyenne africaine, j’ai le droit de poser cette question aux dirigeants. Pourquoi est-ce si compliqué de prendre la moindre petite chose du Sénégal pour l’amener ensuite au Mali? Le ciment, par exemple, les commerçants maliens vont acheter le ciment à un prix au Sénégal, mais le temps qu’il n’arrive au Mali, cela va être quatre fois plus cher.

La corruption est une tendance humaine qui existe partout, mais en Afrique cela fait des ravages. Il ne faut pas avoir honte de la dire en tant qu’Africain.

Dans son dernier film Bamako, Abderrahmane Sissako parle de la crise au Mali: institutionnelle, alimentaire, politique. Un terreau social et politique sans lesquels on ne comprend pas le coup d’Etat contre le président Amadou Toumani Touré, le 22 mars 2012, et l’impasse politique actuelle.

Ça décrit une société où l’on est un peu perdu. Où la relation Occident-Afrique, comme dans beaucoup de pays africains, est très compliquée. Elle est source de polémiques, source d’incompréhensions.

Il y a toujours d’un côté le coupable et la victime. Mais comment faire pour que le coupable arrête d’être coupable et que la victime se prenne en main, ça c’est une autre question.

Les problèmes prennent racine dans notre déracinement. A Bamako, j’entends souvent parler de nos traditions. Alors je m’interroge: c’est quoi nos traditions? Ici, me dit-on, on est musulmans, on prie.

Et bien non! Ce sont des traditions importées, qui datent d’avant la colonisation française, mais qui sont venues d’ailleurs comme la colonisation française! Cela fait partie de nous, autant que la culture européenne.

Le «vrai passé» n’est jamais vrai… Même en Europe, des pays ont été occupés, colonisés. Les frontières se sont faites comme cela. Je remarque un décalage dans la manière de raconter l’histoire.

En Afrique, on a tendance à trop parler de la victime, ce qui nous maintient dans une position de victimes. Dans la vie de tous les jours, dans le rapport entre un Africain et un Occidental, il y a ce complexe d’infériorité qui peut aussi se manifester par des réactions agressives, mais qui, en réalité, dénote la volonté de montrer que la situation a changé!

Quand je discute avec des jeunes, le discours est fataliste, et encourage le départ. Beaucoup de gens, en Afrique, sont convaincus que l’on est damnés. Je ne suis pas d’accord.

Oui !dans la vie de tous les jours, il faut parfois faire, deux,trois fois plus, pour montrer le contraire. Certes l’Histoire montre une image du noir qui n’est pas très positive. Mais je ne suis pas moins intelligente et j’ai un courage sans limite. Car, sans cela, je ne serai pas là. Et cela est un atout pour l’Afrique.

Je suis optimiste par rapport à l’opération française et malienne. Cette intervention a donné un contenant à l’espoir que j’avais et que je ne savais pas où mettre, mais tout d’un coup, je pouvais le mettre quelque part. Tout en étant très neutre, je suis Malienne avant tout, mais franchement je pense que de l’extérieur, il ne faut pas simplement voir une situation de gens frustrés. On parle d’un des pays les plus pauvres. Les gens ne vivent pas mieux dans le sud qu’ils ne vivent dans le nord. C’est très injuste de parler de traitement injuste réservé au nord. L’injustice est la pauvreté sont générale au Mali.

Et quand rien va pas, et que l’on ne voit aucune manière ni tangible ni objective ni structurée de se rapprocher de quelque chose, la dernière chose qui reste, c’est Dieu. Des personnes sont là, prétendent parler au nom de Dieu. On les écoute attentivement. C’est un danger.

Dans le dernier album, avez-vous l’impression d’avoir franchi une étape supplémentaire: plus de sérénité et de liberté?

Au début, la liberté est plus douloureuse, elle coûte plus chère, parce qu’on risque toujours à chaque album. On se fait une réputation. Si l’on veut rester fidèle à soi-même, forcément on ne plaît pas toujours. C’est un prix que j’ai accepté de payer. Il a fallu que je tienne et que je maintienne ma liberté artistique. Et puis, à un moment, on en a marre de prouver.

J’ai assumé la liberté d’aller vers une orchestration plus occidentale et une musique plus rock. La liberté est une idée qui m’est chère.

J’aime ce côté dans ma culture qui est de faire attention aux autres, que l’on est rien sans les autres. Mais je sais maintenant faire une balance avec une autre notion: être soi. Ce qui est important, c'est de ne pas oublier que mon idéal n’est peut-être pas celui des autres. A 38 ans, j’ai la capacité de faire cette balance-là. Pour éviter de me perdre.

Rokia Traoré © Mathieu zazzo
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